Dis-moi, Mamy
- Je peux te demander maintenant : « dis-moi » parce que tu as appris à reparler, avec une voix de Papy, mais nous te comprenons tous : c’est ça qui est important.
- C’est vrai. Au début, ma nouvelle voix me faisait un peu peur ; ce n’est pas ma vraie voix, l’opération m’a changée, il faut que j’apprenne à vivre autrement.
- Et les autres, comme toi ?
- Les messieurs sont moins impressionnés parce que leur voix était grave avant.
- Et les dames, est-ce qu’elles arrivent toutes à parler ?
- Non, certaines n’y parviennent pas, il leur faut un appareil spécial. D’autres ne veulent pas s’exprimer avec cette nouvelle voix qu’elles ne supportent pas. Elles parlent « silencieusement » ou presque, en voix chuchotée.
- Mais alors, les gens qui essaient de la comprendre doivent faire des efforts d’attention pour savoir ce qu’elle veut dire !
- Bien sûr, c’est pour cela que, lors de notre apprentissage, nous contrôlons notre respiration, et nous nous efforçons d’articuler lentement. Les personnes qui écoutent doivent regarder parler – on lit sur les lèvres les mots que nous voulons exprimer. Il faut de la patience, beaucoup d’amour, pour laisser finir une phrase que l’on n’entend pas.
- Et les personnes qui sont seules ?
- Là, il y a davantage de difficultés ; certaines n’osent pas faire face à ceux qui risquent de les laisser de côté. D’autres ont besoin de rencontres. Les expressions du visage, les gestes ajoutent à la compréhension ; et l’écriture !
- Est-ce que les dames trouvent des solutions pour que leur problème de respiration soit moins visible ?
- Alors, là, fais-nous confiance : tu as vu mes filtres mutivoix décorés de broderie, de motifs peints, d’autres appliqués en couture, ou collés. L’imagination de chacune fait la différence. Et puis il existe des filtres très élaborés (très utiles), des foulards, des écharpes. La soie permet la respiration, tient chaud quand il fait froid, rafraîchit quand il fait chaud.
- Alors, on ne devine pas toujours qu’une dame est opérée comme toi ?
- C’est vrai, nous vivons presque comme avant, et nous pouvons encourager celles qui doivent être opérées, elles aussi. Et ça vaut la peine !...
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