Le Cardinal
A l’abri, sous les feuilles du jaunissant érable,
Clara a préparé ses cailloux sur la table :
Et voici qu’apparaît tout de pourpre vêtu,
Cherchant des graines qu’il avait aperçues
Du haut d’une éminence où il n’était pas vu,
Le grave cardinal avec son air affable.
Ses ailes lui font cape de cérémonie
Et sa longue queue rouge, traîne de grande sortie.
Son bec court, orangé, jaillit du masque noir ;
Sur sa tête une huppe : sa couronne « du soir ».
Sautillant sur la table, il cherche avec espoir,
Caillou après caillou, la graine qui nourrit.
Et si, par aventure, une grive s’approche,
- Je les regarde vivre, à l’abri sous le porche –
Monseigneur fait partir l’importun quémandeur,
Son plumage s’agite, alors qu’il n’est pas l’heure
Pour tout autre que lui de chercher son bonheur
Au milieu des grains cachés sous quelque roche.
Et quand à la saison, les cerises mûriront,
Il se gavera tant de sa noire moisson
Qu’en retombant au sol, on croira bien qu’il danse ;
Ivre de fruits trop mûrs, cette grave éminence
Sera saoul d’avoir trop de cerise en sa panse…
Et les grives gavées avec lui danseront.
« Paradise Found », Michigan, 13 octobre 1984
Saisie : Caroline
Mise en page : Edith
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