Notre Accent
Bien sûr, j’ai un accent, parce que j’ai des racines
Dans la belle Lorraine où naquit Jeanne d’Arc.
Je l’ai un peu perdu, telle une pérégrine.
Mais comment parlait Luc ? ou Jean ? Mathieu ou Marc ?
Si l’on vient de l’Auvergne, ou si l’on vient d’Alsace,
En entendant l’accent, on entend la région,
C’est comme un passeport, et qui laisse des traces,
Que l’on prenne le train, la voiture ou l’avion.
Nous pouvons être fier du lieu qui nous vit naître,
Il nous situe un peu quand, au cours des voyages,
On sait d’où nous venons ; je dois le reconnaître :
Le parler de chez soi pèse dans les bagages.
En allant en Afrique, je parlais un autre air.
Si je vais à Paris, je fais vraiment province.
Habitant à Bordeaux, je suis une estrangère.
En arrivant ici, on me croyait de Reims.
Désormais en Alsace, et depuis trente années,
Ne parlant que Français, je me sens adoptée.
Et je m’y sens si bien, qu’allant en Amérique,
Dans un petit village, m’adressant au curé,
« Je viens d’Alsace », dis-je, et, me prenant le bras,
Il me répond, ému, « Grand’mère vient de là-bas ».
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