De ma Fenêtre
Au-dessus des toitures récemment rénovées,
Domine un clocheton aux reflets mordorés.
Une pendule ronde occupe chaque face :
Elle doit donner l’heure à chaque jour qui passe.
Quand, au fond d’un fauteuil, on a pour horizon
Quelques toits séparés par quelques frondaisons,
Regarder la pendule est une compagnie.
Peut-être sont nombreux les blessés de la vie
Qui voient passer le temps rien qu’en levant les yeux !
Puis, comme nous, sans doute, les aiguilles fatiguées
Ont cessé de tourner leur lente avancée ;
C’était comme des amis qui, en devenant vieux,
Font comprendre qu’il faut continuer sans eux.
On regarde ailleurs : les nuages mouvants,
Un vol d’oiseaux qui passe, un arbre tout bruissant.
Puis un jour – un matin – j’ai bien cru voir bouger
Une aiguille… puis deux, mais… comme affolées.
L’heure qu’elles indiquaient était bien trop bizarre,
Trop éloignée du temps, pour que l’on puisse y croire.
Quelques jours, seulement, cette course anarchique
M’a fait penser au cygne dont le chant est unique.
A nouveau immobiles, comme un tricot laissé,
Les aiguilles, fatiguées, ont cessé de bouger.
Ô murs, chargés d’histoire, clocheton vert de grisé,
Vous êtes comme image, à jamais fixés.
Je vais poser mon livre, et fermer les yeux,
Tout comme la pendule, je vais me reposer.
Mon regard attiré soudain vers la toiture
Voit l’heure s’afficher, exacte, et elle perdure.
Ainsi dans notre vie, on avance, on s’arrête,
Puis à nouveau l’espoir, on est bien, on s’apprête.
Rivé à l’Espérance, l’au-delà nous attend ;
Plus besoin de pendule : il n’y a plus de temps…
Les Pléïades, mars 1998
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